Insuffisance Cardiaque

« Nouvelles recommandations dans le traitement de l’insuffisance cardiaque »

Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie à Paris (12-15 Janvier 2022)

Nouvelles recommandations

Ecrit par : Dr Eléonore Delvenne, Cardiologue au CHR Huy
 

Les nouvelles recommandations concernant le traitement de l’insuffisance cardiaque ont été éditées le 27 aout 2021. Lors du congrès des « Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie » ayant eu lieu à Paris du 12 au 15 janvier 2022, quatorze présentations traitaient de l’insuffisance cardiaque qu’elle soit chronique ou aigue.
 

Le traitement de l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite (HFrEF) est à présent basé en première intention sur quatre classes thérapeutiques : les inhibiteurs du système rénine-angiotensine (IEC/ARNI), les bétabloquants, les antagonistes des récepteurs aux mineralocorticoïdes (ARA) et les inhibiteurs du co-transporteur sodium-glucose (SGLT-2 inhibiteur). Ces quatre classes médicamenteuses doivent être introduites le plus rapidement possible après un épisode de décompensation. L’épisode de décompensation cardiaque marqué par une surcharge volémique est traité en aigu par diurétiques de l’anse. Les autres traitements médicamenteux repris dans l’algorithme du traitement de l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite sont les anticoagulants et la digoxine chez les patients souffrant de fibrillation auriculaire, la supplémentation en fer chez les patients carencés, l’ivabradine chez les patients tachycardes malgré les bétabloquants, les sartans chez les patients intolérants aux IEC ou ARNI et l’hydralazine chez les patients afro-caribéens. Une place importante est accordée aux traitements non médicamenteux dans cet algorithme. Ils comprennent les pacemakers défibrillant (ICD) et resynchronisant (CRT), les pontages aorto-coronaires dans les coronaropathies, l’isolation des veines pulmonaires chez les patients souffrant de fibrillation auriculaire et le traitement percutanée des valvulopathies mitrale et aortique. Enfin, la revalidation cardio-pulmonaire et la prise en charge multi-disciplinaire sont recommandées afin d’améliorer la qualité de vie des patients souffrant d’insuffisance cardiaque.
 

En dehors de ces piliers, de nouvelles molécules ont été récemment étudiées dans le traitement de l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite. L ‘étude VICTORIA a comparé l’activateur soluble de la guanylate cyclase, le vericiguat, au placebo et a démontré une diminution du taux de décès d’origine cardio-vasculaire et d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque dans le groupe traité par vericiguat. Dès lors, l’utilisation du vericiguat peut être considérée en plus du traitement standard chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque. On peut également imaginer que la place de ce traitement dans les guidelines évoluera dans les prochaines années. GALACTIC-HF a étudié la place d’un activateur de la myosine cardiaque, omecamtiv mecarbil a démontré une réduction de 8% dans le groupe traité d’une première décompensation cardiaque ou décès cardiovasculaire mais pas de réduction significative de la mortalité cardiovasculaire. Cette molécule devrait également intégrer les recommandations dans les prochaines années.
 

Le traitement et surtout la manière de l’instaurer chez le patient insuffisant cardiaque a donc fortement évolué entre les précédentes recommandations éditées en 2016 et celles de 2021. Ces différences et adaptations ont été longuement discutées lors du congrès des « Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie » de janvier 2022. De nouveaux traitements prometteurs tels que l’activateur soluble de la guanylate cyclase (le vericiguat) et l’activateur de la myosine cardiaque (omecamtiv mecarbil) devraient dans les prochaines années prendre une place importante dans la prise en charge des patients souffrant d’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection altérée.